mardi 24 janvier 2012

Mon ami le lit

J’ai de la peine :
Il m’offre son matelas de laine.
Je suis heureux
Je me roule en son creux moelleux.

Mon meilleur ami,
C’est mon lit.
Il est plein d’attentions pour moi.
- Les draps ne sont-ils pas trop froids ?
Veux-tu une autre couverture ?
L’oreiller n’est-il pas trop dur ?

Oh ! non, c’est doux.
Je m’endors, j’oublie tout,
Je vais rêver…
…Et l’on s’étonne que j’aie du mal à me lever !

Michel LUNEAU


lundi 16 janvier 2012

PAS UN TOMBEAU

Mon père à ma mère « bobonne » c’est pour rire même si.

Mon père ignorant tout de l’aspirateur du mixer des machines à laver à coudre.

Mon père tut tut tut trois coups de klaxon le soir on descend au garage en courant en pyjama pousser la lourde lourde lourde porte on n’est pas trop de trois « et allez vous coucher maintenant » on dîne pas avec lui c’est trop tard on a déjà dîné.

Mon père il dit pas klaxonner il dit « corner je corne tu cornes » il corne ses trois coups de corne tut tut tut.

(…)

Mon père pas mis un slip de bain un boxer-short depuis quarante ans je crois.

Mon père savon à barbe jamais vu barbe à papa non plus rasoir électrique toujours fête foraine jamais.

Mon père paysan son rateau sa fourche à neuf dents son couteau son
sécateur ses trois berouettes son pantalon plein de résine de sapin.

Mon père bibliophile relié tout Corneille tout Marivaux tout Maupassant tout Nerval
à moi cadeau pour un Noël tout Balzac.

Mon père « tiens les vents ont tourné ils sont au nord on va avoir du beau temps ».

Mon père à 79 ans s’ennuie toujours en visite vient déjeuner avec sa tronçonneuse :
« Vous avez bien trois-quatre arbustes à ziguenailler dans le jardin, non ?

Bernard Bretonnière
extrait de « Pas un tombeau »
Le dé bleu, 2003

Le voilà

Il a le nez tout rouge comme un alcomique
Des mains très grandes pour mettre des baffes très grandes
Des cheveux verts pour avoir des cheveux verts
Un œil rond
Et pas moi aussi
Il fait l’andouille
Le crétin
L’imbécile
Il marche sur ses pieds
Renverse des seaux
Il a même une fleur qui fait pipi
Il casse des assiettes pour rire et ça fait des morceaux quand même
Et pas moi aussi.
Quand je fais tout ça
Le crétin d’imbécile d’andouille
Le casseur d’assiettes
Le marcheur sur ses pieds
L’œil rond
Les baffes très grandes
Les cheveux verts et le nez rouge
Arrête ton cirque dit papa
Alors le clown dans mon nez
Mes cheveux mes mains
Mon œil
Le clown rigole
Car pas lui aussi

Gérard Bialestowski
« Les poète et le clown » Motus, 1997


MON PEPE

Il s’en va
en mobylette
avec la petite carriole accrochée derrière
et deux ou trois bidons
à lait vides dedans ;
sur la route qui descend vers le soleil
couchant
tout orange,
on dirait vraiment
un cow-boy agricole

C’EST MON PEPE !

Jean-Pascal Dubost
extrait de « Les quatre chemins »
Cheyne, 2003

Hymne des objets ménagers


Nous sommes objets,
Objets quotidiens.
Sages et rangés,
Satisfaits d'un rien.
On nous époussette,
On se sert de nous.
Lampes, allumettes,
Tapis et bijoux,
Balais et fauteuils,
Rideaux et miroirs,
Objets sans orgueil
Du matin au soir,
Nous servons les hommes
Très utilement.
Fidèles nous sommes
Tout le long de l'an.

Claude Roy




CLARISSE


Clarisse, c’est beaucoup de chocolat
autour de la bouche, mal habillée et
mangeant tout ce qui est bon, c’est-à-
dire ce qui est un peu plus cher que
les choses ordinaires. L’Orangina, les
bonbons, les glaces et le chocolat
pâtissier que l’on avait réservé pour un
gâteau. Voilà, après son passage il reste
un peu de cacao sur ses babines mais
dépêchez-vous, dans une ou deux
minutes elle aura tout léché.

David Dumortier
extrait de « La Clarisse »
Cheyne, 2000

La maison

Dans ma maison y’aura
Un grenier pour les rats

Dans la cave un crapaud
Oublié par le temps

Sur le toit un drapeau
Docile à tous les vents

Dix chambres pour aimer
De toutes les manières

Vingt boîtes à musique
Qui joueront le même air

Des divans d’apparat
Des secrets à tiroirs

Des escaliers plongeant
Au fond de vieux miroirs

Et de longs corridors
Répercutant les pas

Mais je n’y serai pas

Marcel Béalu

Vaisselle cassée




Savez-vous casser la vaisselle à maman
Voilà voilà comment on s'y prend
La toute première fois, on hésite un peu
Quand on a pris le coup, c'est marrant comme tout !


On pose une assiette sur une autre assiette
Puis de plus en plus jusqu'à ce qu'y en ait plus
La pile sur la tête, on enlève la main
Puis on lève un pied en chantant ce refrain

Vaisselle cassée, c'est la fessée, vaisselle foutue, panpan cucul
Vaisselle cassée, c'est la fessée, vaisselle foutue, panpan cucul

Savez-vous casser la vaisselle à maman
Voilà voilà comment on s'y prend
Sur le plan musical, sachez mes petits
Qu'avec du cristal, c'est bien plus joli
Vous posez un verre sur un autre verre
Puis de plus en plus jusqu'à ce qu'y en ait plus
La pile sur la tête, on enlève la main
Puis on lève un pied en chantant ce refrain

Refrain

Savez-vous casser la vaisselle à maman
Voilà voilà comment on s'y prend
Pour la deuxième fois, Papa s'est fâché
C'est vrai qu'la vaisselle, c'est pas bon marché
Prenez dans l'armoire un bocal de poires
Puis un vase de Gien s'il reste plus rien
La pile sur la tête, écartez vos mains
Puis levez une gambette en chantant ce refrain

Refrain
(Pierre PERRET)

« La chalonnaise »


Vous les enfants dans la cité
Un jour c’est vous, qui choisirez !
Aujourd’hui, de la poésie,
Demain pour choisir votre vie,
Oui, demain pour choisir votre vie.
Préparez–vous dans vos écoles,
A vivre une campagne folle !
Des textes nous viendrons vous lire,
C’est à vous d’entendre et de choisir.

Aux urnes, écoliers !
Ecoutez, choisissez !
Votez, votez !
Qu’une poésie
Par vous, soit bien choisie !

La B.I.P (d’après R. de Lisle)

Écouter la chanson : ici